Que se passe-t-il dans le monde du vin?
Jane Masters MW est la Master of Wine d’Opimian
Alors que les Celliers d’Opimian commencent à présenter des vins de 2021 et que les vendanges battent leur plein en Europe, c’est le moment idéal pour faire le point sur la saison de croissance de cette année.
Les vendanges de l’hémisphère Sud débutent entre fin janvier et avril, selon les régions. Pour l’Australie, cette année se présente bien, ce qui est un soulagement pour les viticulteurs australiens après l’année chaude et sèche qu’a été 2020 avec ses feux incontrôlés et ses faibles rendements. En fait, en Australie, le millésime 2021 a bénéficié de conditions de croissance et de maturation quasi parfaites, produisant la plus grande récolte jamais enregistrée. Un été plus frais a produit des vins rafraîchissants dans toutes les régions, avec des saveurs de fruits frais, des taux d’alcool modérés et une acidité naturellement équilibrée. Le Cellier 290 offre un grand choix de vins délicieux parmi lesquels choisir.
Malheureusement, la Nouvelle-Zélande n’a pas eu autant de chance. Les vins produits sont de grande qualité, mais sont en quantité très limitée. La région de Marlborough, au nord de l’île du Sud, où Ben Glover est établi, a connu une réduction globale de la production de vin de plus de 20 %. Les pertes ont été plus ou moins importantes selon le site et le cépage planté. Ben a perdu 90 % de son chardonnay, 70 % de son gewurztraminer et 25 % de son sauvignon blanc. Le gel printanier de septembre est ce qui a causé cette faible récolte. Il est survenu après que les températures chaudes de l’hiver et les précipitations plus faibles que d’habitude ont amené les vignes à un débourrement précoce. Le gel endommage les jeunes pousses et les bourgeons et limite les rendements. Les variétés à bourgeonnement précoce y sont plus sensibles. Le mauvais temps pendant la floraison a été un autre coup dur pour la récolte, mais à partir de ce moment-là, la saison a été parfaite pour la maturation des raisins et a conduit à des vendanges 10 jours plus tôt que la normale. Selon Ben, « malgré un petit millésime qui a posé beaucoup de défis, il y a quelques perles rares ».
Longtemps, la France et l’Italie se sont disputé la première place du classement des plus grands pays producteurs de vin au monde. Depuis quelques années, cette distinction revient à l’Italie, suivie de la France, puis de l’Espagne en troisième position, mais avec un écart important. Tout cela est sur le point de changer, car les dernières prévisions indiquent que la production de vin française devrait chuter de 29 % par rapport à 2020, ce qui la placerait un peu en dessous de l’Espagne avec sa plus faible récolte jamais enregistrée. Comme la Nouvelle-Zélande, un gel national a sévi sur la France en avril, amenant le gouvernement à mettre en place une aide d’urgence. En plus du gel, les régions à forte humidité et à forte pluviométrie ont subi des attaques de mildiou, tandis que d’autres ont été marquées par la sécheresse (l’irrigation n’est généralement pas autorisée en France), ce qui a également contribué à réduire les récoltes. La grêle a touché certaines parties localisées de la Champagne, puis, dans le sud de la France, quelques vignobles ont été ravagés par les flammes. La tendance générale est à la baisse, mais les conséquences sont hétérogènes. La région de Bourgogne, présentée dans le Cellier 290, devrait produire deux fois moins de vin en 2021; le vignoble de Chablis, au nord, étant encore plus touché. Comme ces vins viennent tout juste d’être produits, ce sont les millésimes précédents qui sont présentés dans le présent Cellier. Les bourgognes 2019 et, surtout, 2020 sont excellents, c’est donc le moment de faire des réserves. Dans d’autres régions de la France, les variétés généralement plus précoces comme le sauvignon, le chardonnay et le merlot ont été les plus touchées. Les faibles rendements signifient qu’il y aura une pression sur les prix et il est trop tôt pour dire quelle sera la qualité du vin, donc si vous recherchez des vins agréables pour toute occasion, vous devriez fortement considérer l’Australie.
Comme si les problèmes de récolte ne suffisaient pas, les expéditions internationales de vin rencontrent elles aussi des difficultés. Des retards importants dans le transport maritime, dus aux contraintes de fermeture des ports, à la réorganisation des navires et à la pénurie de conteneurs, sont constatés dans le monde entier et le coût du transport maritime augmente considérablement. La pénurie générale de chauffeurs routiers a également des répercussions sur le transport routier. En somme, nous vivons une époque étrange et pleine d’incertitudes. Dans ces moments-là, ce sont les petits plaisirs de la vie qui en valent la peine. Je me réjouis plus que jamais de pouvoir profiter de mes sens du goût et de l’odorat. Ainsi que d’un cellier bien rempli dans lequel on peut se servir en toute occasion !