Californie | boire du rouge et se mettre au vert

Jane Masters, la Master of Wine d'Opimian

Un commerce qui s’était développé dans la seconde moitié du XIXe siècle avec les ruées vers l’or a vu le nombre de vignobles agréés s’effondrer, passant de 2 500 à moins de 100. Les vignobles qui ont survécu l’ont fait en produisant des vins sacramentels ou en vendant du raisin frais ou du jus aux vignerons en herbe. Lorsque la loi a été abrogée en 1933, une grande partie des 200 000 acres de vignes étaient cultivées en cultures de remplacement, tandis que d’autres terres avaient été abandonnées.

Il aurait alors été difficile de prévoir avec confiance la vigueur actuelle de l’industrie vinicole californienne. En 2018, les expéditions totales de vins de Californie ont atteint 285 millions de caisses et ont représenté 40 milliards de dollars en valeur au détail aux États-Unis seulement. La superficie déclarée consacrée aux raisins de cuve en Californie n’a jamais été aussi élevée, soit 479 000 acres cultivant plus de 100 variétés. Il y a une tendance vers le vin de qualité supérieure, et certains vins californiens cultes figurent parmi les plus recherchés et les plus chers au monde.

Fini le temps des chardonnays beurrés riches au goût prononcé de chêne et des assemblages de rouge sucrés et très alcoolisés de Californie. Néanmoins, les cépages les plus vendus sont toujours le chardonnay et le cabernet sauvignon, qui représentent ensemble plus de 30 % des ventes. Bien que les vins californiens soient souvent plus riches et plus alcoolisés que leurs homologues européens, la tendance est à des styles plus sobres et raffinés. Les viticulteurs californiens se concentrent de plus en plus sur l’adaptation des cépages à des conditions de culture précises afin de produire des vins plus personnels et plus californiens. Parallèlement, le développement des régions viticoles américaines (AVA) et des sousrégions reflète cette tendance. Des régions fraîches comme Russian River Valley sont associées au pinot noir, les vieilles vignes de zinfandel sont appréciées à Lodi et le cabernet sauvignon règne à Napa. Le chardonnay, cultivé dans tout l’état de la Californie, est fabriqué dans une gamme de styles reflétant les conditions dans lesquelles il est cultivé.

Pourtant, la Californie a connu sa part de désastres, et l’effet des changements climatiques se fait sentir avec la sécheresse et les graves incendies de forêt des dernières années. La durabilité est une priorité dans le « Golden State ». L’université de Californie à Davis est l’un des meilleurs centres de recherche et de formation en viticulture et en oenologie au monde et a fortement contribué à la qualité et au succès des vins californiens. Elle recherche notamment de nouveaux cépages pouvant tolérer le climat et développe des modèles pour les établissements vinicoles sans carbone; elle a construit le premier établissement vinicole certifié LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) platine au monde.

Quels sont donc mes espoirs pour les cent prochaines années ? J’espère que la Californie et le commerce mondial du vin trouveront des solutions aux défis que posent les changements climatiques. Je crois que la recherche scientifique, les essais sur le terrain et
les essais aux vignobles en Californie fourniront des informations précieuses aux producteurs de vin du monde entier, leur permettant de produire des vins de qualité d’une manière durable sur le plan écologique et sur le plan économique.